Six mois après le 24 novembre, Vic-Fezensac 2023

Edito de Dominique VALMARY

Président de la Fédération des Sociétés Taurines de France (FSTF)

Six mois après, le Club Taurin Vicois proposaient la féria du toro revendiquée « torista par excellence ». Six mois après, les passionnés de corridas ont répondu présents et en nombre pour satisfaire leur envie de taureaux et sacrifier au rite séculaire.

Six mois après quoi ?

Six mois après « la PPL Caron », cette proposition de loi qui, d’autorité, le 24 novembre 2022 entendait « abolir » la corrida en France.

Toutes choses étant égales par ailleurs, Aymeric Caron, son auteur, a eu du nez lorsqu’il a refusé d’un revers de main et d’un geste irrespectueux, l’invitation qui lui avait été lancée de venir à Vic découvrir le monde de la tauromachie, un monde qu’il ignore et, dit-il, qu’il ne veut pas connaître.

S’il était venu, il aurait pu mesurer la ferveur des spectateurs, les silences profondément respectueux, l’explosion des émotions dénonçant l’attention de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants portée à ce qui s’est passé sur le sable de l’arène.

Il aurait pu observer la fierté du taureau défendant les terrains qu’il s’attribue et les difficultés pour l’homme de comprendre ses comportements et adopter la stratégie adéquate pour contourner sa sauvagerie. Peut-être craignait-il d’être secoué dans ses certitudes.

L’arène ce n’est pas que fête, musique, paillettes, c’est aussi le creuset des vrais émotions. A Vic en effet se sont d’abord les taureaux qui créent les émotions les plus authentiques :

Six taureaux de Dolorès Aguirre, de présentation irréprochable, armés jusqu’au ciel, « mansos » à souhait, c’est à dire prêts à tout pour défendre leur pré carré, rétifs à toute soumission et que pourtant les hommes parviendront à dominer en mettant leur vie en jeu. Émotions aussi quand ils ont eu à affronter le cheval de pique et revenir avec force pour 24 confrontations malgré la morsure du fer.

Déjà présent dans les arènes Joseph Fourniol en 2022 avec la réussite que l’on sait, les six Baltasar Iban 2023 ont confirmé qu’il ne seront jamais les faire valoir du soit disant « danseur ridicule » raillé par Francis Cabrel. Présents aux 3 temps de la corrida ils ont mis leurs forces et leur bravoure au service de leur destinée : combattre jusqu’à la mort.

Pour les passionnés de cet animal incomparable, le seul herbivore au monde qui ne fuit pas face au danger mais attaque pour se défendre, la corrida concours du dimanche matin réunissant six taureaux d’élevages différents a été un sommet avec des animaux de présentation irréprochable bien dans le type et au comportement conforme à leurs diverses origines. Cela a été aussi un sommet au niveau du premier tiers, les picadors et les chevaux de la cavalerie Bonijol ayant été durement mis à l’épreuve.

Il fallait un vainqueur, c’est le Conde de la Corte qui l’emporte mais le Yonnet, né sur les berges de l’étang du Vacarrès aurait pu défendre ses chances s’il avait été mieux considéré.

Côté Taureaux, il y eu aussi des déceptions avec les Rehuelga peu combatifs et les novillos de Monteviejo plutôt transparents mais Vic comme Céret sont des arènes où les organisateurs aiment à prendre des initiatives avec la part de risque que telle attitude induit.
Relevons que Vic aura présenté en 2023 le bétail de 15 élevages de taureaux braves différents en seulement 4 corridas, une novillada avec picador et une novillada sans picador et que 5 éleveurs français ont pu présenter leur bétail le lundi matin. Qui dit mieux pour qui aime le taureau de combat et le tiers de pique !

Émotions fortes aussi pour les toreros qui se sont fortement engagés et ont fait preuve d’un profond respect pour ce bétail difficile et dangereux, faisant l’effort d’apporter la touche esthétique que le public attend de la corrida.

Se sont distingués Sanchez Vara pour son sens du taureau, son savoir-faire en temps difficiles et dans son rôle de « chef de lidia », Morenito de Aranda qui sera blessé par son premier adversaire et devra quitter l’arène, Daniel Luque complet dans son exercice qui sait mettre les taureaux à sa main. Sans oublier les jeunes Christian Parejo et Samuel Navalon, toreros en devenir. Mention spéciale à Domingo Lopez Chavès qui après 14 participations à la féria de Vic met un terme à sa carrière après 25 ans «à se farcir des tontons ». Enfin on aimera revoir Luis Gerpe et Gomez del Pilar.

Côté public, les habitués de Vic bien sûr, mais de nouvelles têtes aussi, beaucoup plus de trentenaires et quarantenaires sur les gradins et les amoureux du taureau de respect venus nombreux du Sud Est lointain ont permis de bonnes affluences avec un quasi lleno le lundi après-midi. L’effet post COVID s’est confirmé majoré d’évidence par l’après 24 novembre lorsqu’on tendait l’oreille pour voler les propos tenus dans les travées et les alentours des arènes.

Alors oui on a aimé voir combattre de vrais et puissants taureaux et à vivre de spectaculaires tiers de piques, on sait qu’à Vic le nombre de trophées distribués n’est pas l’indicateur de réussite d’une féria, apprécions à leur juste valeur les applaudissements à l’arrastre et autres vueltas.

Bien sûr il y a eu l’orage de dimanche et quelques imperfections, mais rappelons que l’organisation repose sur le bénévolat d’hommes et de femmes qui eux aussi sont passionnés et méritent d’être salués.
La corrida authentique n’est pas un spectacle, les silences, la musique rarement jouée pendant les faenas ou protestée par le public ou le torero lui-même ont témoigné de la ferveur que procurait ce qui se passait en piste. C’est ce qui fera, avec la fréquentation importante, que la féria vicoise 2023 restera dans les annales de la tauromachie française.

Dominique Valmary, Président de la Fédération des Sociétés Taurines de France

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